Les circumpolaires
Pour nous, photographes, nous avons une multitude de techniques de prises de vue à réaliser lors d’expéditions photographiques.
En effet, les choix sont vastes. Parmi ces différentes techniques, certaines se réalisent la nuit.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, sans plus aucune lumière, nous pouvons réaliser des photos sensationnelles ! Réaliser des photos de circumpolaire est une technique qui donne des résultats spectaculaires.
Des circumpolaires? Mais qu’est-ce donc ?!
Vous pensez peut-être que c’est réalisé en post–production ou que c’est un photomontage ? Et bien non, ce n’est pas un montage photo et c’est bel et bien un phénomène naturel !
Je dois sûrement laisser perplexes certains d’entre-vous qui lisez ces quelques lignes… Restez attentifs, je vais vous expliquer les notions à connaître sur les circumpolaires.
Tout d'abord, une petite définition s’impose
Comme vous le savez, – j’ose espérer du moins – , notre planète tourne sur elle-même. Elle fait un tour complet en 24 heures.
Par conséquent, une photo circumpolaire est une photo qui immortalise le mouvement de rotation de la terre.
Étant fixement positionné sur la terre, notre boîtier orienté vers le ciel va tourner en même temps que la planète. Les étoiles étant “statiques” vont créer des traits de lumière.
Autrement exposé, lors de poses longues, notre appareil photo “fixe” et enregistre le “mouvement” des étoiles puisque la terre continue à tourner sur elle-même.
Le principe des photos circumpolaires
Le principe réside en la mise en valeur du mouvement de la rotation terrestre.
- Comment? En réalisant des poses longues.
- De quelle durée? De plusieurs secondes à plusieurs minutes, voire même des heures… Enfin pas tout à fait ! Je vous expliquerai les raisons plus tard.
En somme, les étoiles comme nous les percevons sont des points lumineux fixes.
Lorsque nous allons réaliser des poses longues, ces dernières vont créer des traits lumineux dans le ciel puisque notre appareil photo est fixe et que la terre, elle continue à tourner.
Ces traits lumineux seront plus ou moins longs selon deux critères:
- Le temps de pose admis ;
- La focale utilisée.
Avec une focale de 14mm :
- Si nous réalisons une pose longue de 10 secondes, le trait sera de quelques millimètres. On va dire +/- 2mm (valeur fictive).
- Si nous réglons notre vitesse d’obturation sur 30 secondes, le trait sera alors de +/- 6mm.
Avec une focale de 120mm:
- A 10 secondes de pose, le trait sera de +/- 8 mm.
- A 30 secondes, le trait sera de +/- 24 mm.
Plus nous allons utiliser une longue focale, plus le trait sera long. Cependant, nous aurons moins d’éléments donc moins d’étoiles dans notre cadre car le cadrage est plus serré
Le matériel pour réaliser des circumpolaire
Pour réaliser des circumpolaires, il est nécessaire d’avoir un matériel spécifique pour la nuit.
- Un boîtier numérique (micro 4/3 aps-c ,full frame) ;
- Un objectif avec une grande ouverture( F1.8, F2.8, F4);l‘objectif grand angle est favorisé ;
- Un trépied stable ;
- Une commande filaire à intervallomètre ou infrarouge ;
- Une lampe frontale + une lampe de poche ;
- Une carte mémoire vide ;
- Une batterie de rechange déjà chargée.
NB: Les boîtiers possédant une bonne gestion du bruit numérique sont un atout. Encore davantage lors des photographie de la voie lactée.
Matériel photo
Le moment
Comme vous l’aurez compris, nous allons effectuer les photos de circumpolaires en pleine nuit.
Nous devons nous éloigner des villes et de toutes sortes de sources lumineuses.
En effet, les villes créent une “pollution lumineuse”, comme on dit dans le jargon !(cf. Carte de pollution lumineuse dans mon ebook en téléchargement gratuit, accédez-y en cliquant ici” La photographie urbaine nocturne)
Il est aussi primordial d’éviter les nuits de pleine lune. Forcément, pour capter les constellations nous devrons vérifier les éphémérides pour sortir lorsque le ciel est dégagé.
Effectivement, les ciels couverts nous empêcheront de photographier les étoiles.
NB: Tel que ci-haut cité, lorsqu’il y a quelques nuages, la texture et la création artistique sont davantage intéressantes car les nuages apportent encore un peu plus de texture à la photographie.
Personnellement, je trouve que cela augmente encore l’esthétique de notre photo.
Par contre, ce n’est pas une notion que nous pouvons prévoir aisément.
Le lieu
Le lieu pour réaliser un circumpolaire va être primordial pour que notre effet artistique soit optimum.
Effectivement, nous allons repérer l’endroit de notre prise de vue et ce, pour plusieurs raisons :
- En pleine nuit, il nous sera difficile de visualiser correctement notre composition ou encore les angles de vue qu’il est possible d’effectuer. De plus, si nous nous positionnons en hauteur, nous aurons une vue sur le relief ;
- Pour prendre conscience des risques d’accident qui pourraient être grave ( chute d’une falaise, rocher), il est nécessaire de prendre connaissance du terrain accidenté;
- Si l’endroit est libre d’accès en pleine nuit ainsi que de prendre connaissance des panneaux de signalisation car la nuit nous ne les verront pas facilement.
La technique
Premièrement, pour exécuter notre circumpolaire, nous devons fixer notre boîtier sur un trépied.
Deuxièmement, nous composons notre image selon nos envies de créativité ( cliquez ici pour accéder à l’article sur la composition).
Troisièmement, nous réalisons la mise au point sur une étoile. Pour davantage d’informations sur la mise au point, cliquez-ici: “La photographie urbaine nocturne”.
Quatrièmement, nous devons utiliser notre commande d’intervallomètre ou utiliser le menu dédié dans notre boîtier (référez vous à votre manuel technique) pour programmer l’intervalle entre les photos.
Ensuite, nous allons ouvrir notre diaphragme au maximum pour capter le plus d’étoiles possible. Faites attention, ce choix peut être un choix artistique. Si nous ne voulons pas capter trop d’étoiles, nous pouvons fermer légèrement le diaphragme .
Enfin, nous effectuons des poses longues.
A. En mode B, (bulb) nous pouvons réaliser des poses longues de plusieurs secondes, minutes, heures.
Cette technique comporte plusieurs inconvénients :
- La pollution lumineuse va être beaucoup plus présente et va se révéler être gênante pour notre circumpolaire;
- Le bruit numérique augmente avec les longs temps de pose ;
- L’apparition de pixel chaud ;
- A terme, la dégradation de nos boîtiers.
Les points positifs sont :
- Les traits laissés par les étoiles sont longs et se font en une seule photo ;
- Il n’y a pas besoin de post-traitement pour créer notre circumpolaire ;
- Il n’y a pas besoin d’effectuer une série de photos par l’intervallomètre.
NB: Selon moi, cette technique n’est pas la meilleure.
B. En réalisant des poses de 30 secondes à intervalles réguliers.
Les points négatifs sont :
- De trop nombreuses photos ;
- Le travail de post-production pour créer le circumpolaire ;
- Une carte mémoire avec un grand espace de stockage.
Les points positifs sont :
- La pollution lumineuse est moins présente ;
- Peu de bruit numérique ;
- Peu ou pas de pixels chauds ;
- Possibilités de time-lapse.
NB: Ce procédé est pour moi le plus approprié à cette technique photographique.
En pratique
Une fois sur le lieu repéré et dans l’obscurité de la nuit, notre boîtier sera placé sur un trépied et notre composition sera ajustée. Nous allons d’abord réaliser une photo-test afin de vérifier plusieurs choses :
- La composition ;
- La mise au point ;
- L’exposition*
*L’exposition de nuit est expliquée dans l’ e-book sur la photographie urbaine nocturne.
Ensuite, nous allons programmer notre intervallomètre.
Selon la vitesse d’écriture d’ enregistrement du boîtier et de la carte mémoire, il est nécessaire de vérifier la durée du temps imparti pour la prise et l’enregistrement d’une photographie.
La durée de l’intervalle entre chaque photo sera déterminée par le temps que prend l’ensemble (boîtier, carte) additionné à notre temps de pose.
Le réglage important à programmer sur notre boîtier sera le paramètre de la réduction du bruit sur off.
La sensibilité
Une fois certains de nos différents réglages et de cadrages effectués, nous pouvons réaliser une courte prise de vue successive afin de s’assurer que l’intervallomètre est bien programmé.
Nous allons programmer l’intervallomètre sur 3 à 5 photos successives et vérifier que le temps entre les prises de vue est suffisant. Attention, il ne faut pas que les prises de vue se chevauchent .
Pour vous donner un exemple, lorsque je réalise des circumpolaires avec un d750, le temps entre les prises de vue est de 3 secondes.
Sur le Sony a7 r4, le temps est d’une 1 seconde mais la vitesse d’écriture d’enregistrement de la carte mémoire utilisée est supérieure comparativement aux photos réalisées avec le d750.
Après cette dernière vérification, nous allons pouvoir régler le nombre de prises de vue finales sur notre télécommande ou sur le boîtier. Nous allons le laisser travailler pendant 1 heure ou plusieurs heures si besoin.
Le temps dépendra de votre envie créative ainsi que de l’ heure du lever du jour… Plus le temps de prises de vue successives sera long, plus le circumpolaire sera marqué après l’assemblage en post-production.
Trouver l'axe de rotation
Comme ci-haut cité, notre belle planète évolue sur un axe de rotation.
Le centre de cet axe se situe au niveau de l’étoile polaire. Grâce à cette connaissance, nous pouvons positionner cette étoile dans notre cadre pour que le cercle d’étoile se fasse autour.
Comment trouver facilement l’étoile polaire ?
Nous devons diriger notre composition du côté nord. L’étoile polaire se trouve dans le prolongement de la Grande ours. Comme illustré ci-dessous.
La post-production
Après la lecture de cet article, avez-vous envie de réaliser des circumpolaires?
Pensez-vous que vous avez suffisamment d’ informations pour effectuer des créations astronomique?
Vous pouvez me le dire en commentaire ci-dessous 😉
Pour conclure
J’espère qu’à la lecture de cet article, vous aurez appris de nouvelles techniques photographiques et que cet article aura suscité l’envie de réaliser des créations artistiques avec les éléments célestes qui composent notre univers. J’attends vos commentaires avec impatience
Vous savez que j’apprécie énormément ce style photographique. Aussi, au travers de cet article, j’espère vous avoir un peu transmis la passion des circumpolaires.
Vous êtes intéressé de passer au niveau supérieur en retouche photo?
Vous pouvez cliquez ici pour découvrir la formation la plus complète à ce jour sur Lightroom et/ou Photoshop.
En tant qu’amateur tant en photographie qu’en astronomie, j’apprécie votre tutoriel même si 2 ou 3 choses me “gênent”.
– L’utilisation du millimètre pour mesurer le filé d’étoile. Certes, il aurait fallu un petit chapitre supplémentaire mais expliquer qu’un tour complet c’est 360° (24h) et donc qu’en 1h on obtient 15°, 2h – 30°, … aurait été plus juste et plus pratique à utiliser pour prévoir l’effet désiré.
– Concernant l’exposition, pourquoi ne pas prendre en compte et parler du premier plan ? Si on veut garder des ombres chinoises, du détail, voir même faire du light painting, ça changera la façon de faire. Peut-être un prochain tuto ou une formation ?
– Dans le chapitre “Post-production” : “Pensez-vous que vous avez suffisamment d’ informations pour effectuer des créations astrologiques?” > Astronomiques, pas astrologiques 🙂
Je chipote mais très bon article pour découvrir la circumpolaire, je découvre votre travail grâce à Olivier Rocq, et j’espère un jour pouvoir participer à un Photowalk ou autre formation.
Bonne continuation et peut-être à bientôt 🙂
Merci beaucoup pour votre commentaire constructif et très juste.
Pour les degrés de rotation, j’ai écrit au plus simple pour essayer d’être le plus compréhensible. Je vais mettre l’article à jour 😉
Effectivement, il est judicieux d’éclairer de temps en temps l’avant plan, mais il faut procéder subtilement. Je ne voulais pas trop « charger » l’article, puis tout dépend des techniques utilisées.
Au plaisir également de vous rencontrer et de pouvoir échanger sur l’astrophotographie 🙂
Je ne suis pas une grande connaisseuse en photographie, mais vos photos sont incroyables. C’est d’une beauté pour les yeux. Je vais d’ailleurs les montrer à mon fils qui se passionne pour les planètes et les étoiles. Vous allez le faire rêver !!!
Merci bcp pour ton commentaire. 🙏🙏🙏
Je connaissais déjà cette technique, mais merci de l’avoir beaucoup plus expliquée 🙂
Avec plaisir Antoine, il reste encore à expliquer toute la partie de post-production. Ça arrive bientôt 😁
Merci pour cette astuce, je vais pouvoir tester ça 🙂
Super intéressant (et technique)
Est-ce réalisable, dans une moindre mesure, via les paramètres des smartphones performants tels que les derniers iPhone et version d’IOS 📱 ?
Bonjour, merci beaucoup pour vos explications très claires ! Vous êtes très pédagogue ! J’ai tout compris et vais tenter l’expérience des que possible. J’attends, de fait, impatiemment l’article sur l’empilement en Post-Production sur Ps ! Merci
Bonsoir, c’est une merveilles vos photos et un grand merci pour explications. Bonne continuations
Un seul mot : génial ! Très content d’avoir lu et suivi le tutoriel de la post-production. Un grand merci et à très bientôt !
Ping : La vitesse et les 3 F - Lightpainting-paysage-cityscape
Merci Eric pour ce très bon article qui m’a permis de me décider à franchir le pas pour aborder cette technique qui me paraissait hors de ma portée. Premier essai plutôt satisfaisant une fois décryptés les mystères de l’intervallomètre grâce à tes lumières ! Le seul petit point qui me semble poser problème dans ton article (mais peut-être que cela dépend du matériel), c’est que tu parles de se mettre en mode bulb pour faire des poses très longues, or sur mon R6, ça m’indique que ce n’est pas possible quand on utilise l’intervallomètre. Je me suis donc mise en mode M et ça a très bien fonctionné. Mes réglages ont été différents de ceux que tu indiquais, j’ai gardé ceux que j’utilise pour les photos de voie lactée, pour voir ce que ça donnerait. Il me semble que le résultat est correct. Tu m’as demandé quels conseils pourraient compléter cet article : pour ma part j’aimerais des conseils sur la façon d’aborder l’avant-plan (par exemple, s’il s’agit d’un arbre ou d’un bâtiment, à quelle distance se positionner pour ne pas cacher le ciel car de nuit pas évident d’y voir qq chose, et de jour, par définition, on ne voit pas les étoiles, donc difficile de juger du résultat possible). Encore merci pour tes conseils avisés et bravo pour tes belles photos !
Grand merci pour ton commentaire, ça fait plaisir et ça boost à écrire et à partager mes connaissances en photographie…
Ok, je vais approfondir sur l’avant plan;)
Bravo pour ta photo et ta progression!
Vivement la suite 😉
salut eric ma question et quesque tu entends en marquant que ses pas bon pour les boitiers de faire de la longue pose ? .car je viens d’investire 3500 euros dans un pentax k1m2 et objectif irix 15mmf2.4 + filtres etc pour faire des circumpolaire et voie lactée et pause longue de jour sur cascade d’eau , dit moi pas que mon boitier sera mort dans 1 ans .merci .
Hello Laurent, En faite lorsqu’ on réalise des poses longues, le capteur des boitiers a tendance à chauffer dans il est préférable de ne pas laisser “trop” longtemps en prise de vue… je dirais de se limiter à 2 min maximum de pose pour ne pas que le capteur chauffe de trop. Forcément ça dépendra de la chaleur ambiante ( en hiver moins de risque que ça chauffe de trop )
Ne te tracasse pas, tu es parti pour quelques année avec on boitier 😉